Lundi dernier, le 16 Novembre 2015, j’ai eu la chance d’assister à une conférence animée par Michèle FORESTIER, kinésithérapeute spécialisée depuis 35 ans dans la rééducation des bébés et auteure du livre : De la naissance aux premiers pas : Accompagner l’enfant dans ses découvertes motrices (Edition ERES – Septembre 2011). Sa conférence axée sur le principe de la motricité libre m’a permis de connaitre les bons gestes et les erreurs à éviter pour accompagner bébé jusqu’à la marche. On en discute ?
En croyant bien faire ou par pression de l’entourage, nous sommes nombreux à proposer la position assise ou debout trop tôt. Qui n’a jamais entendu : Alors elle tient assis ? Elle fait ses nuits ? Elle a des dents ?? Elle marche ? Si vous avez le malheur de répondre non, on vous fera gentiment comprendre par quelques remarques bien senties que votre bébé est « en retard » car le fils de la fille de la cousine du voisin à marché à 11 mois. Et lorsque enfin votre progéniture marchera, vous aurez le droit à tout un tas d’autres questions : Elle mange bien ? Elle est propre ? Elle Parle ? Bref, vous n’en finirez jamais !
Le principe de motricité libre, sujet de la conférence, ne date pas d’hier. Il a été découvert par Emmi Pickler en 1947 et prône l’autonomie de l’enfant. Cette approche éducative repose sur le fait de laisser l’enfant libre de tous ses mouvements, sans les lui enseigner et les lui imposer. Peu à peu il acquerra naturellement et dans un ordre chronologique précis les différentes positions qui lui permettront d’assimiler la marche.
L’apprentissage de la marche peut être comparé à la construction d’une maison. Il faut des bases solides avant de passer à l’étape suivante. Inutile donc de mettre bébé assis trop tôt. S’il ne s’assoit pas seul c’est qu’il n’est pas encore prêt. Idem pour la marche. Avant de tenir debout, un enfant effectue tout un cheminement : à partir du plat dos, il se retourne sur le côté, puis sur le ventre, rampe, passe à quatre pattes et découvre à cette étape la position assise autonome au sol. Il passe ensuite à genoux, prend appui sur un support avec ses mains, se met en position du chevalier servant et parvient à la position debout. Il se déplace d’abord latéralement le long des meubles, cherche ensuite à lâcher un appui pour en tenir immédiatement un autre. Il peaufine son équilibre, se lâche quelques secondes et fait ses premiers pas lorsqu’il est prêt et à confiance à lui.
Au final, l’on peut décortiquer les étapes jusqu’à la marche en 3 phases :
√ La phase statique (positions à plat sur le sol)
√ La phase dynamique (bébé se retourne et commence à pivoter sur lui-même comme une boussole lorsqu’il est sur le ventre, il cherche à avancer en rampant, puis à quatre pattes)
√ La découverte de la verticalité avec la position assise, puis debout.
Cette approche du « laisser faire » apporte de nombreux bienfaits à bébé : autonomie, concentration, persévérance, fierté de réussir par lui-même, confiance en lui, connaissance de son corps et de l’espace, travail des membres inférieurs, alternance des appuis.
En pratique, voici les bons gestes et les erreurs à éviter pour accompagner votre enfant jusqu’à la marche.
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Les erreurs à éviter
1/ Ne jamais mettre un bébé dans une position s’il ne sait pas s’y installer, ou en sortir seul. On ne le mettra pas assis, ni debout avant qu’il ne le fasse de lui-même. On ne lui apprend pas à acquérir ces postures : il les découvre seul, à partir de sa maturation neurologique et au gré de son désir d’expérimenter de nouveaux mouvements. Vers 6/8 mois, on a tendance à vouloir assoir notre bébé en le posant au beau milieu de son tapis d’éveil, avec une multitude de coussins autour, au cas où il tomberait. Ce « au cas où » doit justement mettre la puce à l’oreille. Si bébé vacille et tombe c’est qu’il n’est pas prêt à s’assoir. On se dit souvent, qu’il est mieux dans cette position, pour jouer et pour voir le monde qui l’entoure. Mais c’est faux. Un enfant à qui l’on a imposé la position assise, ne sera pas à l’aise pour jouer et ne pourra pas attraper les objets éparpillés autour de lui car son équilibre est trop précaire. Le moindre mouvement va le déséquilibrer.
2/ Ne pas l’encourager à pousser sur ses jambes en le mettant debout sur vous. Cela le conduit à découvrir la verticalité trop tôt. Bébé voudra alors être tous le temps debout mais son corps ne sera pas prêt et cela lui donnera de mauvais appuis.
3/ Evitez de mettre des chaussures trop tôt. Celles-ci faussent la marche. Bébé ne « déroule » pas le pied. Imaginez que les chaussures que vous mettez à son pied, sont pour lui, l’équivalent de nos chaussures de montagnes. Pas très confortable me direz vous. Mettez des chaussures uniquement lorsqu’il sait bien marcher et lorsque vous sortez. Chez vous, pour éviter qu’il ne glisse, certaines paires de chaussettes existent avec des coussinets antidérapant. Pensez également aux chaussons souples en cuire, idéal pour les débuts. D’ailleurs, 2 camps s’opposent à ce sujet. Les PRO et les ANTI-chaussures.
4/ Bannissez les Yoopala et autres trotteurs ! Tout d’abord, il fausse l’équilibre de votre enfant, puisque celui-ci est sans cesse maintenu. De plus, il donne une mauvaise position à votre bébé, qui aura ensuite tendance à marcher sur la pointe des pieds. Il « coupe » également le corps de bébé en 2, qui ne voit donc plus ses jambes et l’empêche d’assimiler tous ses mouvements.
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5/ Evitez de rajouter un « sur-tapis » dans le parc de votre loulou. Même si vous pensez bien faire en lui apportant du confort supplémentaire (j’ai moi-même fait l’erreur), cela l’empêche d’avancer pour ramper. En effet quand il cherche à s’aider de ses bras pour avancer, c’est le tapis qui vient vers lui.
6/ Ne pas aider bébé à marcher en le tenant par les 2 mains. Cela creuse son petit dos et lui donne une mauvaise posture.
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Les bons gestes à adopter
1/ Lorsque votre bébé ne sait pas encore se retourner seul, posez le toujours sur le dos. Cette position naturellement physiologique lui permettra de se détendre mais aussi de bouger ses bras, ses jambes, de regarder à droite, à gauche et prendre conscience de son corps et apprendre à le maitriser.
2/ La position ventrale présente aussi beaucoup d’intérêt, on peut donc y installer bébé dès sa naissance sous surveillance. En cherchant à relever la tête puis le torse, bébé va fortifier sa chaîne musculaire postérieure, évitant les risques de plagiocéphalie, plus communément appelée tête plate. Au début, on se contente des moments du change pour retourner l’enfant lors du boutonnage de son pyjama par exemple, puis petit à petit on pourra durant ses moments d’éveil, le lui proposer durant 5/10 minutes. Attention à ce qu’il ne se fatigue pas.
3/ N’accourez pas trop vite lorsque votre bébé n’arrivent pas à faire quelques choses par lui même. A 2 mois 1/2, ma fille savait faire dos/ventre mais pas l’inverse. Nous avions remarqué qu’elle essayait mais en vain. Elle se mettait donc à râler/pleurer pour que nous venions à son secours. Nous accourions à la moindre alerte. Jusqu’au jour où nous avons décidé de la laisser pleurer (un peu) et se débrouiller seule, pour trouver la solution à son problème. A force d’essayer et de lui montrer le chemin (lorsque nous la replacions du ventre au dos nous la faisions rouler sur le coté), elle à su vers ses 4 mois 1/2 se retourner dans les 2 sens. Et qu’elle fierté pour elle, lorsque nous l’applaudissions de son exploit !
4/ Lorsque votre enfant commence à ramper, éviter l’utilisation du parc lorsque cela est possible. De cette manière votre enfant pourra participer à la vie de famille et vous suivre dans vos déplacements. Quoi de plus frustrant pour bébé, de vous voir partir dans la cuisine et de ne pas pouvoir vous suivre car il est « prisonnié » de son parc. Bien évidemment cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en servir. Le parc reste très pratique, lorsque vous avez besoin de savoir bébé en sécurité le temps de faire tourner une machine, étendre le linge, cuisiner ou encore vous doucher.
5/ Si les trotteurs et autres Yoopala sont à bannir, le porteur est quant à lui bénéfique. Il fera un excellent cadeau pour les 1 an de votre bébé. Il permet à votre enfant d’avancer de façon autonome en s’appuyant dessus lorsqu’il n’est pas encore prêt à se lâcher. De plus, le fait de monter dessus, oblige à passer une jambe par dessus et donc de rester sur un seul pied quelques secondes, favorisant l’apprentissage de l’équilibre.
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6/ Enfin, sachez que chaque enfant à son propre rythme.
Et vous, que pensez vous du principe de motricité libre ?
Le connaissiez vous avant de lire cet article ?
Le pratiquez vous ?